L'Islande en 500 XT
Yves vit près de Munster (68) .C'est un authentique passionné de Voyages, de motos, et.... de 500XT.Le vrai bricoleur débrouillard, mais attentif au détail de la pièce d'origine.Je l'appelle amicalement "le conservateur du musée" vu le nombre et la variété de motos qu'il possède, et surtout vu sa culture des différents modèles de XT.Il voit souvent des détails que personne ne remarque. "Ton bras oscillant là, c'est pas un 77, c'est un modele 78...parce qu'il y a un perçage, là ...(!) "
Je lui laisse la parole, il nous présente sommairement ses monos et nous raconte son dernier voyage...en ISLANDE au guidon de sa XT79....
Nico.

Les millésimes de mes 500 XT...
 
1N5 Modèle 1976
Moto achetée en début 2004. Je suis allé la chercher à Bologne soit quand même la coquette promenade de 1400 kms dans la journée (heureusement que mon pote Dominique m'a très gentiment accompagné ). Elle est superbe tip top d'origine (ce qui me permet de voir qu'il y a quand même beaucoup de différences avec une 1U6). Elle a 37000 kms et tourne très bien (même le klaxon fonctionne !). J'ai une carte grise française (la démarche est décrite dans la rubrique "importation" du site. J'ai également changé les amortisseurs car ceux sur la moto était des 1U6 et non le modèle spécifique aux 1N5 et 1 E 6.
 
1U6 Modèle 1979
Moto achetée il y a 3 ans (30 000 kms ? au compteur et 37 000 kms à ce jour. Pas d'intervention de faite sur le moteur de cette moto. Par contre elle était très incomplète (compteurs, électricité, pot, contacteur, commodos ...) "Quand je l'ai acheté et il m'a fallu pas mal d'énergie pour la rendre conforme au modèle d'origine. Elle est à ce jour d'origine (même le pneu avant !) sauf la couleur du cadre et du bras oscillant (repeint depuis le photos dans sa couleur noire d'époque), les autocollants des caches latéraux et le porte bagage grand raid Bottelin Dumoulin. Dernières nouvelles : c'est avec cette moto (un peu modifiée) que je suis parti en Islande.
 
1U6 Modèle 1980
Je viens de finir la restauration (reconstruction !) de ma 3em XT (modèle 80) . Pour la petite histoire ,je suis parti d'une épave que j'ai entièrement reconstruite (sauf le bas moteur). J'ai eu beaucoup de chance de trouver un réservoir modèle 80 neuf en peinture d'origine ainsi qu'un pot d'origine dans le même état. Cette moto est donc maintenant dans un état quasi "sortie du concessionnaire". Même les pneus sont des Bridgestone d'origine. A part le tuyau de mise à l'air du réservoir ( qui ne va pas tarder) je crois qu'il ne manque rien."
 
1U6 Modèle 1981
XT 500 de 81 avec réservoir permettant une appréciable autonomie de 400 kms, mes enfants l'appellent "Gros bide" 96 000 kms au compteur. Ont été refait : réalésage, distribution (vers les 70 000) embrayage (vers les 90 000); roulements de direction, de bras oscillant, de roue, joints spi de fourche...."Elle marche plutôt bien mais le moteur est un peu bruyant et consomme pas mal d'huile. Bref, très bien pour tous les jours..."

Mon voyage en ISLANDE en été 2004...
 Je suis allé en Islande une première fois il y a 17 ans en 4x4 et je me suis dit que c'était un pays qu'il fallait vraiment traverser à moto. Cette année l'occasion s'est présentée de partir avec une connaissance d'un copain. Ils étaient partis ensemble il y a 22 ans (en XT).

Nous sommes donc partis à quatre : le copain en DR 400 quasi neuve (voir photo DRgué.jpg), sa femme et son fils en Mitsubishi Pajero et moi-même. Les conditions matérielles étaient donc relativement idéales puisque tout le matériel était dans le 4x4.

Pour partir j'ai privilégié la XT qui me semblait la plus fiable (des quatre que j'ai qui roulent), en l'occurrence celle que je connaissais le mieux : ma XT de 79 (voir photo en haut de page). J'ai aussi une Africa twin 650 nettement plus récente et qui aurait été plus performante et confortable. Autant elle aurait mieux convenu sur la route (notamment sur les longs trajets aller et retour) autant sur la piste ça aurait été beaucoup plus difficile. Je ne regrette vraiment pas d'avoir pris la mythique XT.

Un petit aparté concernant les autres motos rencontrées en Islande. Nous étions les seuls "vrais" enduros hormis une ou deux KTM. Sinon tout le reste c'est des BM GS minimum 1000. Ils sont épouvantablement chargés avec un tas de bric à brac (maillet pour enfoncer les sardines de la tente, cuissards et sondes pour les gués…). Sur la piste, il n'y a pas photo, on est très largement avantagés, on se fait plus plaisir et il est possible de prendre des terrains nettement plus difficiles. Ils ont eu leur revanche sur le chemin du retour au Danemark.
 
Préparation de la moto :
- une grosse révision,
- revoir tout le faisceau électrique,
- remplacer les pièces trop belles par des autres craignant moins les coups ou la casse,
- enlever quelques pièces inutiles,
- monter des chambres à air renforcées,
- adapter un réservoir Acerbis 19 l prévus pour une XT après 79, j'ai du modifier l'attache du réservoir sur le cadre à l'avant de la selle ainsi que les pattes de fixation qui se trouvent sous la selle, (l'ensemble réservoir selle se trouve en fait reculé d'environ 3 cm),
- le moteur est d'origine sauf un kit de lubrification du haut moteur.
J'ai prévu un petit stock de pièces détachées pour les pannes éventuelles (dont de l'huile pour la vidange en cours de route). De toutes les pièces emportées, je n'ai eu besoin de rien si ce n'est de la pâte à joint, de l'huile moteur et du lubrifiant pour chaîne.
 
En route :
Départ le jeudi 12 août d'Alsace, sous une pluie d'orage ce qui m'a permis de constater dès le premier jour que ma combinaison n'était pas parfaitement étanche.
Le second jour, au sud de Hannover (Allemagne), je constate avec effroi que mon réservoir fuit car la vis de serrage du robinet tourne dans le vide ! L'écrou n'est plus maintenu dans la masse plastique du réservoir et c'est impossible à réparer de façon fiable. Je tente de réparer avec une pâte bi composants (qui devient très dure) mais ça marche très moyen car ca adhère très mal au plastique du réservoir. Bref je me vois très mal partir faire de la piste au bout du monde dans ces conditions et je commence à angoisser, et ceci d'autant plus que le bateau pour la Norvège part le surlendemain. Je me rapatrie chez des anciens copains alsaciens qui habitent à 150 kms de là et finalement ma femme fait 650 bornes (x 2) pour m'apporter un autre réservoir du même type (elle est sympa !). Heureusement que j'ai du stock à la maison.
Départ à 7h le dimanche matin pour 350 kms d'autoroute pour Kiehl d'où part le bateau pour Oslo à midi. Ouf, 48 h de bateau pour me remettre de mes émotions.

A l'arrivée en Norvège impossible de redémarrer l'engin et je fais une sortie très remarquée en la poussant (la honte !). Finalement, c'est le carter d'allumage qui c'est rempli d'eau lors des 3 journées pluvieuses précédentes (bien que le joint soit neuf). Nous rejoignons Bergen en traversant la Norvège plein Ouest. C'est vraiment très joli et même s'il ne fait (une fois de plus) pas très beau ça me donne envie d'y retourner (voir photo norvège.jpg).

Au bout d'une semaine de Voyage nous voilà enfin arrivés en Islande. La moto tourne parfaitement, et dès notre arrivée nous attaquons les premières pistes et la traversée des gués.

Pour ces derniers, il faut tenir compte de trois facteurs : la profondeur, la puissance du courant mais surtout la nature du fond (quand on peut le voir). Par deux fois, nous n'avons pas pu traverser en roulant car c'était vraiment trop casse-gueule et nous avons adopté la technique top lopette : un sur la moto (ou à côté) et l'autre qui maintient la moto sur le coté (tout cela en slip et en bottes pour mouiller le moins de choses possible.(voir photo poussagegué.jpg). De manière générale, il vaut mieux passer les gués le matin quand les rivières sont encore peu chargées des eaux de fonte des glaciers.

 

Au quatrième jour en Islande, je me casse quand même la gueule dans un gué, à 200 mètres du refuge de Niidalur (trop pressé d'arriver !). La moto est complètement noyée (c'est rigolo de voir sortir de l'eau par le puit de bougie) : vidange moteur (ce n'est pas très grave, il fallait le faire 500 kms plus loin), vidange carburateur, séchage filtre à air et allumage et c'est reparti !
 
 
Sur la piste, on rencontre toute sorte de terrain :
- du super où il est possible de rouler à 80 -90 dans un grand nuage de poussière,
- pas mal de tôle ondulée (à prendre à minimum 60 km/h et attention dans les virages),
- des zones très trialisantes où on ne quitte pas la première dans des champs de lave ou de gros cailloux (j'ai vraiment eu l'impression que la moto allait tomber en pièces détachées),
- des zones de sable marécageuses en bordure des glaciers où il faut passer assez tôt dans la journée sous peine d'enlisement, (voir photo XT-2motos-désert.jpg)
- des zones de sable sec que j'ai trouvé extrêmement casse gueule, c'est d'ailleurs dans ces passages que j'ai fait les seules chutes (en fait plus justement j'ai posé la moto sur le coté).

De manière générale, nous avons privilégié les zones les plus sauvages et évité le goudron (la route goudronnée N°1 fait le tour de l'île) et c'est dans ces coins perdus que nous avons vu les plus beau paysage.

Les 2 derniers jours mes problèmes d'allumage sont revenus avec toujours des entrées d'eau dues aux pluies importantes et aux traversées de gué. Une fois que l'on a compris d'où cela vient c'est très rapide de démonter le couvercle, de sécher les vis platinées et de repartir. Niveau mécanique, je n'ai pas eu d'autres soucis si ce n'est quelques resserrages et remplacement de vis perdues. Et c'est tout, même pas une crevaison ! Une bonne révision s'impose quand même maintenant.
 
Pour l'hébergement, nous avons été assez déçus de voir dans tous les chouettes endroits des interdictions de camper. On s'est même fait virer un soir d'un endroit parce qu'on "écrasait les mousses". Donc camping (c'est souvent juste un évier et une cabane posée au milieu de nulle part) ou petite cabane ouverte à tout le monde (dont l'état général est très variable). Nous avons loué 2 fois, quand il faisait grand mauvais temps, des "huts" (sortes de bungalows).

Les prix sont devenus plus raisonnables que ce que j'avais connu il y a 17 ans et les supermarchés se sont multipliés.
En Islande, nous avons fait, en deux semaines, 2300 kms dont environ 1500 de piste.
Nous avons repris le bateau après 2 semaines sur place. Le voyage est long (plus de 50 h) et nous arrivons au Danemark. Encore 1400 kms de routes sans intérêt pour les 2 derniers jours et c'est le retour à la maison après un périple de 5050 kms, 4 semaines, des images plein la tête et encore plus convaincu que la 500 XT est une machine fantastique, même 25 ans après.
Si la XT devient une belle machine de collection (voir ma XT 76), je pense qu'elle a encore sa place dans l'environnement dans laquelle elle a reçu ses titres de noblesse, les grands voyages sur la piste.
 
Yves.